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Les tâches ménagères : un cadeau pour le futur de vos enfants

08 October, 2025

« Range ta chambre. » « Mets la table, s'il te plait. » «C'est ton tour de sortir les poubelles. »

Même si ces demandes sont une part inévitable de la vie de famille, plusieurs parents se sentent souvent coupables de demander à leurs enfants de participer aux tâches ménagères, prétextant qu'ils ont déjà tellement de devoirs, qu'ils méritent bien de profiter de leur enfance ou que c'est tout simplement plus rapide s'ils exécutent la tâche eux-mêmes.

Mais rassurez-vous : les tâches ménagères ne nuisent aucunement à vos enfants. Au contraire, les inclure activement dans la réalisation des tâches quotidiennes représente une excellente façon d'investir dans leur futur!

 

Ce que la recherche nous dit 

Depuis des décennies, plusieurs chercheurs tentent d'identifier à travers leurs recherche ce qui distingue les adultes qui réussissent de ceux dont le parcours contient davantage d'embûches, et les réponses sont souvent surprenantes!

L'étude de Harvard : 75 ans de données

L'une des études les plus longues jamais menées à ce sujet est la Harvard Grant Study, qui a suivi 724 participants pendant un total de 75 ans, soit de l'adolescence jusqu'à la vieillesse. Les chercheurs ont analysé tous les facteurs possibles : intelligence, statut socio-économique, éducation, génétique et relations familiales.

Contre toute attente, parmi l'ensemble des facteurs étudiés, l'un des meilleurs prédicteurs de succès à l'âge adulte s'est révélé simplement d'avoir participé aux tâches ménagères durant l'enfance.

Ainsi, les enfants à qui on avait attribué des responsabilités domestiques régulières – même simples – sont devenus des adultes plus autonomes, plus compétents professionnellement, avec de meilleures relations interpersonnelles et une meilleure santé mentale. 

L'étude de l'Université du Minnesota 

Une étude réalisée sur plusieurs décennies par des chercheurs de l'Université du Minnesota à quant à elle permis de révéler que l'âge auquel les enfants commencent à contribuer aux tâches ménagères présente lui aussi un impact significatif.

En effet, les enfants qui ont commencé à contribuer aux tâches ménagères vers l'âge de 3 à 4 ans avaient, 20 ans plus tard, davantage de chances d'avoir terminé leurs études, de meilleures relations avec leur famille et leurs amis, plus de succès dans leur carrière professionnelle ainsi qu'un meilleur bien-être mental et émotionnel.

En comparaison, les enfants qui n'ont commencé à contribué aux tâches qu'à l'adolescence (ou même jamais!) présentaient des taux plus élevés d'échec académique, de dépendance aux autres pour la réalisation des tâches de base, de difficultés professionnelles et même de conflits relationnels liés à la répartition du travail domestique.

 

Les compétences développées par la contribution aux tâches 

Quand vous demandez à votre enfant de mettre la table, vous pensez peut-être que vous lui enseignez simplement à disposer sur la table des assiettes et des fourchettes. En réalité, vous lui enseignez plutôt une dizaine de compétences complexes simultanément.

Le sens des responsabilités

Le sens des responsabilités, c'est comprendre que ses actions ont un impact direct sur les autres, que sa contribution est nécessaire au bon fonctionnement du groupe.

Ainsi, quand votre enfant de 7 ans doit nourrir le chat chaque soir, il apprend que s'il je ne le fait pas, le chat aura faim. Il comprend qu'il fait partie d'une équipe où chacun possède un rôle. 

Le transfert vers la vie adulte 

Dans le futur, ce sens des responsabilités se traduit au travail par la fiabilité et la conscience professionnelle et, dans ses relations, la capacité d'y contribuer équitablement.

 

La planification et le séquençage 

Faire le lavage ne représente pas une action simple, mais une séquence : rassembler les vêtements sales, les trier par couleurs, utiliser le bon détergent, démarrer le cycle de lavage approprié, transférer les vêtements propres à la sécheuse, plier les vêtements et, enfin, les ranger dans les bonnes chambres.

Ainsi, un enfant de 10 ans qui apprend à gérer cette séquence développe sa capacité de planification – une fonction exécutive cruciale. Il apprend en effet que certaines actions doivent en précéder d'autres, et que l'ordre d'exécution des étapes qui constituent une tâche revêt une grande importance.

Le transfert vers la vie adulte

Gérer un projet au travail, organiser un mariage, déménager, préparer un voyage – toutes ces étapes qu'il est possible de retrouver à la vie adulte demandent de maitriser cette compétence de planification que les tâches ménagères enseignent naturellement.

 

La persévérance 

Ranger une chambre en désordre ne représente pas une activité plaisante ou stimulante. Ça prend du temps, c'est répétitif et, souvent, l'enfant désire abandonner à mi-chemin pour pouvoir enfin aller jouer. Mais s'il apprend plutôt à persévérer, soit à continuer son travail même quand c'est ennuyant,  il construit une capacité mentale qui lui servira toute sa vie.

Le transfert vers la vie adulte

La vie adulte est inévitablement remplie de tâches souvent ennuyantes mais pourtant nécessaires : remplir sa déclaration d'impôts, faire un budget mensuel, répondre à des courriels administratifs, étudier pour des examens, entretenir une maison... Avoir été confronté tôt à ce genre de situation permet d'être davantage préparé à y faire face à l'âge adulte et, surtout, de ne pas abandonner en cours de route!

 

La fierté et le sentiment de compétence

Quand un enfant de 6 ans plie une pile de débarbouillettes et qu'il voit le résultat de son travail – une pile nette et ordonnée qu'il a créée lui-même – il est fier de lui et du travail accompli. 

Cette fierté intrinsèque est souvent plus motivante que n'importe quel compliment, et c'est celle-là même qui permet la construction de l'estime de soi basée sur des compétences réelles, qui évite aussi au futur adulte de s'effondrer face à la critique. 

 

L'impact profond sur l'estime de soi

La participation aux tâches ménagères permet de fournir à l'enfant des preuves concrètes des capacités dont il fait preuve. En effet, un enfant qui a plié une pile de vêtements ou qui a nettoyé la salle de bain peut voir concrètement le résultat de ses efforts.

La collaboration aux tâches permet aussi à l'enfant de se sentir utile. Ainsi, quand un enfant de 5 ans met la table et que toute la famille peut souper grâce à ses actions, il ressent qu'il a de la valeur et que sa contribution au sein du quotidien familial compte réellement.

Enfin, les tâches ménagères réalisées en jeune âge enseignent également à l'enfant que l'effort mène à des résultats, un enseignement qui lui sera assurément grandement utile tout au long de sa vie adulte. 

 

Le lien surprenant avec la réussite scolaire

Vous souhaitez voir votre enfant obtenir de bonnes notes à l'école? Demandez-lui de vider le lave-vaisselle chaque matin!

Les fonctions exécutives développées à travers la réalisation de tâches ménagères sont exactement les mêmes compétences que celles nécessaires pour réussir au point de vue académique. Ainsi, un enfant qui a appris à planifier la séquence pour nettoyer sa chambre est ensuite en mesure de transférer cette compétence à l'exécution de ses devoirs, alors qu'il sait comment décomposer un projet scolaire en différentes étapes. Évidemment, les autres compétences acquises grâce à la contribution aux tâches ménagères, soit la capacité de planifier, de prioriser et de persévérer, permettent aux enfants de gérer efficacement leur charge de travail scolaire. 

 

Démystifier : « surcharger » vs  « priver d'apprentissage »

Alors que certains parents n'exigent aucune contribution à leurs enfants, d'autres en demandent plutôt trop, et souvent trop tôt. Et, comme dans toute chose, l'excès n'est jamais souhaitable. 

Le mythe de la « surcharge »

Si vous craignez de surcharger votre enfant en lui demandant de participer activement aux tâches de la maison, rassurez-vous : les enfants d'aujourd'hui passent généralement en moyenne moins de 30 minutes par semaine à contribuer aux tâches ménagères, soit environ 4 minutes par jour. Si on pense au temps passé sur les écrans pour une majorité d'entre eux, le problème n'est pas le manque de temps, mais bien la priorité donnée à ces responsabilités. Évidemment, en revanche, demander à un enfant de 6 ans de nettoyer l'ensemble de la maison, exiger un niveau de perfection impossible à atteindre ou attribuer un nombre si important de tâches que l'enfant n'a plus le temps de jouer : voilà ce qui représente assurément une surcharge. 

Le vrai danger : priver d'apprentissage

En ne donnant aucune responsabilité à votre enfant par peur de le « surcharger », vous lui enlevez pourtant quelque chose de bien plus précieux que du temps libre : l'opportunité de développer de précieuses compétences, le sentiment de fierté qui vient de la contribution à la vie familiale, la préparation aux réalités de la vie adulte, le développement des fonctions exécutives et la construction de l'estime de soi.

Trouver l'équilibre

Entre la surcharge et l'absence totale de responsabilités, vaut donc mieux adopter des  attentes réalistes et équilibrées, adaptées à l'âge de l'enfant, à son niveau de développement et à son emploi du temps quotidien. Consultez notre parcours d'autonomie, disponible dans notre Magazine ou sur notre application Octave, ou nos magnétos de tâches pour découvrir des tâches parfaitement adaptées à l'âge de vos enfants!

 

En conclusion, les tâches ménagères ne sont pas qu'une corvée que vous imposez à vos enfants; ce sont plutôt des opportunités déguisées – des occasions quotidiennes de construire le sens des responsabilités, la capacité de planification, la persévérance et l'estime de soi, des investissements dans leur capacité future à gérer leur vie de façon autonome et positive. Alors, la prochaine fois que vous hésitez à demander à votre enfant de ranger sa chambre ou de mettre la table, rappelez-vous : vous ne lui imposez pas une corvée, vous lui offrez plutôt un cadeau qui lui servira toute sa vie!